Écueils dans le maintien de la perte de poids : implications pour la prise en charge - 14/10/16
Résumé |
Introduction et but de l’étude |
Le maintien de la perte de poids (MPP) est une étape cruciale du traitement de l’obésité. Certaines stratégies sont connues, telles que consommer moins de calories sous forme de graisses, se peser régulièrement ou augmenter l’activité physique. En revanche, ce qui différencie l’alimentation des personnes parvenant au MPP de celles ayant toujours eu un poids normal n’est pas connu, ni si elle est en adéquation avec les recommandations nutritionnelles. En outre, les implications au niveau comportemental et cognitif du MPP sont aussi inconnues. Notre but était d’évaluer les apports alimentaires de personnes avec MPP et de les comparer aux recommandations suisses ainsi qu’à un groupe témoin de poids normal stable. Nous désirions aussi comparer ces groupes relativement à leur sentiment de restriction alimentaire et à leurs cognitions en lien avec le poids et l’alimentation.
Matériel et méthodes |
Seize sujets avec MPP (indice de masse corporelle [IMC] initial>25 ; perte de poids intentionnelle≥10 % maintenue≥12mois, chirurgie bariatrique exclue et 16 témoins (C) appariés (IMC entre 18,5 et 25, poids stable±5kg sauf grossesse), tous issus de la population générale, ont été inclus par bouche à oreille. Les apports alimentaires ont été mesurés par un questionnaire de fréquences alimentaires semi-quantitatif validé et comparés aux recommandations suisses. La restriction alimentaire et les cognitions dysfonctionnelles ont été évaluées avec les versions françaises des questionnaires EDE-Q, et MAC-24. Les analyses ont été effectuées avec SPSS 20. Les comparaisons ont été testées avec le test t de Student.
Résultats et analyse statistique |
Vingt femmes et 12 hommes de 39ans en moyenne ont été inclus dans l’étude. Les IMC moyens étaient de 25,5 (MPP) et 21 (C). Les MPP avaient perdu en moyenne 25,2kg et maintenu cette perte durant 3,5ans. Les prévalences d’apports insuffisants chez les MPP et les C étaient respectivement de 63 % pour les glucides (MPP et C), 94 et 100 % pour les fibres, 63 et 68 % pour le calcium, et 56 et 69 % pour le fer. Les MPP consommaient significativement plus d’aliments protéiques (p=0,037), de produits allégés en graisses (p=0,029) (Tableau 1). Seuls les MPP consommaient des produits édulcorés. Les scores de restriction alimentaire (p<0,001) et les cognitions dysfonctionnelles (p<0,01) étaient significativement plus élevés chez les MPP que les C.
Conclusion |
Comme stratégie de MPP, les sujets privilégiaient les protéines, les aliments allégés et édulcorés, comme cela a déjà été relevé dans la littérature. Toutefois, ces stratégies ne menaient à aucune différence en termes d’apports nutritionnels relativement au groupe contrôle. La couverture des besoins théoriques semblait difficile à atteindre, tant après une perte de poids réussie que lors d’un poids normal stable. Le MPP avait un coût élevé en termes d’efforts consentis, de restriction ressentie, de préoccupations pour le poids et la nourriture. Les professionnels de l’obésité devraient préparer leurs patients à ces difficultés et un accompagnement adapté aux spécificités du MPP semble nécessaire.
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Vol 30 - N° 3
P. 261 - septembre 2016 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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